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Libre expression et réflexion sur le e-Marketing, les médias sociaux, la démocratie numérique et la sociologie numérique.

lundi 12 décembre 2011

Le droit de vote ne se brade pas



Voter est un acte civique obligatoire à caractère national.
Voter est un droit, voter est un devoir civique, il est l’acte sacré d’un renouvellement constant et fondateur de la démocratie républicaine. En France, il est ouvert aux élections locales aux étrangers communautaires. Les candidats à la prochaine élection présidentielle de 2012 avancent leur volonté de l’étendre aux étrangers extra-communautaires au nom de l’équité et d’une reconnaissance de leur apport à la vie locale.

Les opposants à cette idée d’élargissement pointent le risque « communautariste » et il est opportun de souligner qu’un étranger extra-communautaire en France peut toujours se faire naturaliser et ainsi prendre part pleinement part à la vie de la nation et à ses élections locales, nationales et européennes.

L’enjeu pour la cohésion nationale est que la France puisse garder son statut de pays démocratique, républicain et laïc dans son fonctionnement et dans ses institutions.


La laïcité française impose la neutralité religieuse et la nationalité française doit rester la marque distinctive de ses citoyens électeurs.
Á ceux qui posent ce débat au Sénat, la question de la réciprocité dans les pays d’origine de certains des étrangers extra-communautaires en France ôte d’emblée toute légitimité à cette question.


Á l’heure de la crise, à un moment où la paupérisation galopante de la population française est dramatique et où la violence et l’insécurité gagnent du terrain, le peuple français est sans doute plus sûrement intéressé d’écouter des débats sur les moyens de sortir de cette situation à savoir comment retrouver le chemin de la croissance, comment réduire les déficits, comment sauvegarder le pacte républicain, quel rôle doit avoir l’État, quelle Europe voulons-nous ?

Quand le navire traverse la tempête, le capitaine doit veiller à rassembler l’équipage pour affronter l’adversité. Toute autre manœuvre est irresponsable et conduit au naufrage.

Anne-Marie Champoussin

mercredi 7 décembre 2011

Jürgen Habermas Fait Le Kéké Pour l’Europe



Âgé de 82 ans, le philosophe allemand Jürgen Habermas a quitté sa table de travail pour défendre «le projet européen qui ne peut plus rester l’affaire d’une élite ».



Habermas à propos « De l’état de l’Europe »

Que propose donc Habermas comme suite à donner à la démocratie et au capitalisme ?

La réponse est donnée dans son dernier ouvrage sous la forme d’un essai qui s’intitule "Zur Verfassung Europas" [« De l’état de l’Europe » en français qui sera traduit bientôt chez Gallimard]. Habermas y dénonce une confiscation du pouvoir qui n’est plus entre les mains des peuples mais désormais aux mains d’instances à la légitimité douteuse comme le Conseil européen. Pour Habermas, les peuples européens ont été « victimes, il y a maintenant longtemps, d’un putsch silencieux des technocrates».


Pour autant, Jürgen Habermas demeure un optimiste opiniâtre qui «croit dur comme fer à la raison populaire. A la démocratie à l’ancienne, bien ordonnée. A une opinion publique qui sert à faire évoluer les choses.»

Habermas dit avoir pris conscience d’un recul de la démocratie en Europe après 2008 et dénonce «les élites politiques [qui] n’ont absolument aucun intérêt à expliquer à la population que des décisions importantes sont prises à Strasbourg. Ils n’ont peur que d’une chose, c’est de perdre leur pouvoir".

Dès lors, de son point de vue, il revient aux citoyens d’Europe de «faire valoir leur influence démocratique sur des gouvernements qui opèrent aujourd’hui dans une zone floue d’un point de vue constitutionnel»  En effet, «l’Union n’est pas une fédération d’Etats, ni un Etat fédéral, mais quelque chose de nouveau, une communauté juridique dont ont convenu les peuples d’Europe avec les citoyens d’Europe, c’est-à-dire dont nous avons convenu entre nous, en excluant nos gouvernements respectifs. Ce qui prive naturellement Angela Merkel et Nicolas Sarkozy du fondement de leur pouvoir, mais c’est aussi là son objectif».
L’autre option pour Habermas réside dans «les médias [qui] devraient aider les citoyens à comprendre quel est l’impact de l’Union sur leur vie. Les politiques verraient à quelle pression ils seront soumis si l’Europe échoue. Il faut donc démocratiser l’Union, mais concrètement, comment ?» Là, Habermas ne répond pas précisément.




Que peut faire l’Union Européenne : Laisser le temps au temps ?

On peut relever d’emblée que l’Union Européenne (UE) n’a pas la compétence nécessaire pour harmoniser les économies nationales tout simplement parce que l’UE est une union d’États souverains démocratiques.

Par ailleurs, a-t-on jamais demandé aux citoyens de l’Union Européenne s’ils voulaient devenir des Européens ? Comment prétendre parler d’Europe sans demander aux citoyens des États-membres de l’UE leur volonté d’adhésion à une identité européenne ?

Dans ces conditions, "renforcer" les institutions antidémocratiques de l'UE relève de l’imposture idéologique.

Enfin, la plupart des problèmes structurels auxquels est confrontée l'Union Européenne aujourd'hui proviennent de l'imposition des ambitions capitalistes dans la zone euro alors que la fertilisation naturelle vers un multiculturalisme européen et mondial pourrait avancer de manière positive et à un rythme progressif. Tout se développe pour être plus fort et plus cohérent quand on le laisse faire à un rythme naturel. Cela se reflète dans la différence de perception des générations quant aux attitudes envers l'homogénéité européenne. Bruxelles veut le vin avant que les raisins ne soient pressés.





Mettre en œuvre l’utopie européenne nous demande plus de responsabilité et de démontrer par des faits qu’une nouvelle ère de l’humanité est possible dans tous les secteurs de la société. Les peuples de l’UE doivent s’inspirer de leur histoire et de leurs valeurs partagées pour fonder une société européenne. Du lien social européen naîtra alors un projet politique européen fondateur d’une nouvelle union avec des institutions pérennes et harmonieuses.

Habermas : Paroles de ‟Kéké” européaniste


Pour affronter la pression des marchés financiers, l'UE doit obtenir «les compétences politiques de guidage qui sont nécessaires pour garantir au moins dans le cœur de l'Europe, c'est-à-dire parmi les membres de la zone monétaire européenne, une convergence des développements économiques et sociaux».

Pour bâtir «la première communauté supranationale démocratiquement légalisée» que Habermas appelle de ses vœux, il faut avoir en ligne de mire qu’«une intégration politique appuyée sur le bien-être social est nécessaire pour que la pluralité nationale et la richesse culturelle du biotope de la "vieille Europe" puissent être protégées du nivellement au sein d'une globalisation à progression tendue».



Anne-Marie Champoussin



mardi 22 novembre 2011

Au nom de la Rose militante… Une grande dame a baissé le rideau


« Après moi il n’y aura plus que des comptables » disait son défunt mari et ancien Président de la Ve République ; l’Histoire depuis, semble lui avoir donné raison. Après Danielle Mitterrand qu’en sera-t-il du militantisme de terrain, de conviction, tenace, simple comme seules savent l’être trop rarement les «Grandes» Dames de courage, indépendantes et engagées pour des valeurs de toute une vie ?
C’est ainsi qu’était Danielle Mitterrand, une femme d’honneur, d’action qui a "baissé le rideau" dans la nuit de lundi à mardi 22 novembre 2011.

Madame, vous avez donné une leçon de vie authentique  sans artifices médiatiques ; vous êtes entrée dans l’Histoire contemporaine du Peuple de gauche comme une référence majeure.



Vous avez creusé le sillon de l'insoumission avec un talent inoubliable.





Anne-Marie Champoussin

mercredi 16 novembre 2011

AAAH !!! FUNNY WEB : TRAVESTY OF DEMOCRACY


The euro crisis that has dominated discussions of the last G20 resulted in the wake of the resignation of successive Greek Prime Minister and the chief of the Italian Government Silvio Berlusconi. Will this be enough there to stem the crisis?

The events with the collapse of Greece and the threat to the solvency of Italy were known and analyzed there is more than a year by financial experts and international economists. Among the many tests on the sovereign crisis, we can refer to a meeting on the subject by Carnegie in December 2010.
The result for the lives of millions of Europeans in the euro area is an austerity in a climate of recession, with rising unemployment and the specter of pervasive poverty
Governments have therefore chosen to restore their triple AAA or keep at any cost including the sacrifice of a renewed growth through a policy of demand to meet what some call "the dictatorship of financial markets." And if the European public does not really believe the decisions taken by governments in the euro area, the idea of a referendum has yet to be abandoned by the former Greek Prime Minister George Papandreou under pressure from Franco-German duo Merkel and Sarkozy called "Merkozy."

In France, it vilifies increasingly assisted by the society are often those most affected by the crisis and survive thanks to the RSA, they will have to work 7 days now as a thank you; suspected employees on sick leave and increases the number of days of default, some municipalities like Marseille following in Nice, Montpellier and Chartres took orders anti begging to eliminate any risk of exposure to poverty wins a social leprosy with the contagion of the crisis we start hunting social fraud forgetting the 1% off who by speculation and insatiable greed led to financial disaster that has ravaged the countries of the euro area today.

But no matter, we must fight at all costs against the budget deficit and austerity is in order then to hell with the public! As shown in the unfortunate Greek referendum killed in his limbs. This does not prevent some European leaders rigorists to spend a night at 3500 Euros in Cannes at the last G20.
While an incidental question arises: what and who is democracy?
 

 

 


Austerity now decreed in the euro area is when the taking responsibility for specific policies face a crisis they failed to measure the full extent of the consequences in 2008?


 
For the record, Nicolas Sarkozy in 2008 with the crisis announced “the end of the omnipotence of the financial market”:
Sarkozy : la crise financière marque la fin d'un... par rue89

 
What about elected officials who, in their vast majority (except two) refuse to see their down payments of 10% while it inflicts the people a new austerity plan? Should it be noted that our elected officials in the National Assembly do not always display exemplary behavior: some sleeping, others reading the press, and others absent, or using Twitter or shouting in solidarity with their comrades with the same political label.

Therefore we can mock the movement of outrage and begin to chase with violence in La Defense (France) or in New York, and consider "the reasons a movement that does not in France "mainly because "the French are resigned" and that we approach the 2012 presidential elections.


 Moreover, the jokes made at designated Socialist candidate for president in 2012 currently delivered in a cartoon style humor: when Jean-Luc Mélenchon sees François Hollande as a "master of pedal" and Luc Chatel a "Babar", provided the debate does not rise very high and indignation for global change comes into resistance.

As explained Justine, 19, a student of art history who participates in the movement of "outrage" from May 29: "In France, we did not let us install it. In Spain, the movement is part of a Real Democracia Ya call for a demonstration, and a small group of people who decided to stay camping. The base of the movement is to reclaim public space." 
 
The real risk today is that of a "devalued democracy". The inclination to referendum Papandreou highlighted panic policies because the markets panicked. Because basically what the initiative of the Greek Prime Minister to submit the fate of his country in the opinion of his own people was it unbearable?
The panic of the Germans and their political leaders followed the financial markets as they are "prisoners of the prophecies of the markets before they will be cast."




The crisis of Europe expresses "the struggle for supremacy between economic power and political power. It now leaves the democratic processes in the assessment of rating agencies, analysts and banking groups. "
However, "the alleged rationality of financial mechanisms revealed old atavisms unconscious. The speeches of treating an entire nation of crooks and loafers seemed to have disappeared along with nationalism. Today we are witnessing a return to that mentality with "reasonable evidence" in support. The deformation of parliamentarism, subject to market forces, not only supports the decisions of people as "extraordinary legislator" and in the case of Greece, it requires citizens to express their will. Indeed, André Orléan, author of Empire of value, his latest book says about the euro crisis: "If the term democracy means anything, it is not clear how such mutations could be achieved without a broad national debate".
So to facilitate the approach to the subject by our leaders that they too now have "Google", they just type a search term such as "DEMOCRACY", "ZIVA yeah! LOL! Web laugh? ".

Capture of the screen 16/11/2011


Anne-Marie Champoussin



jeudi 15 septembre 2011

«Petite Poucette» toute nue dans un «monde des flux»

L’infant numericus vient de naître.
C’est une découverte scientifique majeure pour l’académicien Michel Serres qui marque une évolution certaine de l’espèce humaine au 21ème siècle. Elle marque ainsi une rupture avec nos ancêtres cultivés qui «avaient, derrière eux, un horizon temporel de quelques milliers d’années, ornées par la préhistoire, les tablettes cunéiformes, la Bible juive, l’Antiquité gréco-latine.»

Un monde de flux s’ouvre aux jeunes d’aujourd’hui qui entrent «entrent dans une autre histoire».
Leur parcours d’apprentissage de la connaissance est formaté par les médias et la publicité.
Ils sont soumis à l’empire d’une société du spectacle qui se veut pédagogique mais «vaniteusement inculte» et qui a confié aux médias la fonction d’enseignement en captant l’écoute et la vision par la force de la séduction.

Il en résulte une ouverture de l’espace du savoir désormais accessible partout sur la Toile et objectivé et de fait virtuel c’est-à-dire non concentré comme jadis. En effet, l’ancien espace des concentrations (par exemple : un amphi d’université) constituait «un espace de voisinages immédiats, mais, distributif.» Aujourd’hui, comme le souligne Michel Serres : «Je pourrai vous parler de chez moi ou d’ailleurs, et vous m’entendriez ailleurs ou chez vous.»

Quid des fonctions cognitives de l’élève ?
«[Elles] se transforment avec le support, argue Michel Serres. La tête a muté [et] la pédagogie change totalement avec les nouvelles technologies».
Il est devenu un individu qui «écrit autrement, plus rapidement des SMS avec les deux pouces, d’où le surnom de Petite Poucette (et Petit Poucet) que Papy Serres lui donne car «plus joli que le vieux mot, pseudo-savant, de dactylo».
Mais il lui « reste à inventer de nouveaux liens. En témoigne le recrutement de Facebook, quasi équipotent à la population du monde. Comme un atome sans valence, Petite Poucette est toute nue» dans «un monde de flux».

«Petite Poucette» vit dans un «monde des flux»
Danah Boyd explique la métaphore du «monde des flux» (c’est-à-dire un monde où l’information est partout) comme l’idée de vivre dans le courant «y ajoutant des choses, les consommant, les réorientant.»
Les utilisateurs de Twitter témoignent de «ce sentiment de ce sentiment de vivre et respirer avec le monde autour d’eux, conscients et branchés, ajoutant des contenus dans le flot et s’en saisissant à d’autres moments. [Mais] cet état est délicat, d’autant qu’il est alourdi par une surcharge d’information et des outils frustrants.»
Le passage des médias de diffusion aux médias en réseaux a modifié fondamentalement la manière dont s’écoule l’information. L’internet permet à tout un chacun de créer, diffuser et relier ses propres contenus et ainsi d’ajouter de nouveaux acteurs. «Les technologies internet démantèlent et remanient les structures de distribution [de sorte que] l’acte de distribution devient beaucoup moins important que l’acte de consommation.» Il en résulte un déplacement du lieu du pouvoir qui «n’est plus entre les mains de ceux qui contrôlent les canaux de distribution, mais de ceux qui contrôlent les ressources limitées de l’attention, c’est-à-dire tout un chacun.»

La révolution numérique : mythe ou réalité ?
Á en croire Danah Boyd, il faut d’entrée balayer quatre fausses idées répandues sur la révolution numérique.
D’abord, l’internet n’est pas plus démocratique car «passer de l’économie de la distribution à celle de l’attention est perturbateur (…), [et] ouvrir l’accès aux structures de distribution ne signifie pas les démocratiser surtout quand la distribution n’est plus la fonction organisatrice». De plus, ce sur quoi les gens portent leur attention dépend d’un ensemble de facteurs qui n’a rien à voir avec «ce qu’il y a de mieux».
La stimulation est trompeuse. En effet, «les gens consomment le contenu qui leur stimule leur esprit et leurs sens. Ce n’est donc pas toujours “le meilleur”, ou le contenu le plus informatif qui retient leur attention, mais celui qui déclenche une réaction».
Le risque est alors de développer une sorte d’«obésité en consommant des contenus qui sont le moins bénéfiques à nous-mêmes ou à la société dans son ensemble.» Cela induit une dépendance au bavardage car cette information nous rapproche des gens car «quand on sait quelque chose sur quelqu’un, on a le sentiment d’avoir établi une connexion avec lui. Mais l’écologie de l’information à l’heure de l’internet chambarde tout cela. Si je peux suivre tous les détails de la vie d’Angelina Jolie, cela ne veut pas dire pour autant qu’elle sait que j’existe.»
Ce que les sociologues appellent les «relations parasociales» constituent «une société où les connexions seraient inégales» marquée par un leurre de proximité relationnelle.
La socialité est faussée par la tendance à l’homophilie, caractéristique d’un monde en réseau où les gens se connectent à des gens comme eux, dont les points de vue leur ressemblent ce qui automatiquement les écartent de ceux qui ne pensent pas comme eux.
Ainsi, l’information s’écoule-t-elle de manière à renforcer les clivages sociaux ce qui est fondamentalement anti-démocratique car « la démocratie s’appuie sur des structures d’information partagées, mais la combinaison de l’auto-fragmentation et du flux d’information en réseau signifie que nous perdons le terrain rhétorique commun qui nous permet de discuter, explique Danah Boyd».
Les médias en réseau empêchent dès lors de sortir des limites de son propre monde pour aller voir au-delà, l’altérité et l’éventuelle adversité d’autres mondes.
Dans cet esprit, Twitter via les HashTags forcent les gens à aborder des différences de points de vue sur certains sujets mais ils décrivent déjà un usage avancé auquel tous les utilisateurs de Twitter n’accèdent pas.
Le fait est qu’en pratique, c’est un infime pourcentage de gens qui sont enclins à rechercher des opinions et des idées issues d’autres cultures que la leur et cette tendance à la xénophilie n’est pas certitude dans les faits comme le souligne Ethan Zuckerman.
Enfin, le pouvoir désormais consiste à être capable de retenir l’attention, d’influencer l’attention des autres et de transformer l’information en trafic. Être un nœud dans un réseau signale la source du pouvoir d’influence.
En outre, dans une culture de réseau, il y a aussi du pouvoir à être la personne qui diffuse le contenu alors que dans le modèle de diffusion, ceux qui contrôlaient les canaux de distribution faisaient souvent plus de profits que les créateurs. Dès lors, une hypothèse voudrait que si l’on se débarrasse de cette organisation de la distribution, le pouvoir revienne aux créateurs. Mais force est de constater que ceux qui obtiennent l’attention des gens sont encore une petite minorité de privilégiés.
Il y a encore une forme de distribution qui ne passe pas directement par les créateurs, mais par d’autres intermédiaires…

Trouver des outils qui permettent de «consommer pour comprendre, [et de] produire pour être pertinent»
Le défi consiste à innover à travers des outils qui permettent aux gens «d’entrer dans le flux, de vivre dans des structures d’information d’où qu’ils soient, quoi qu’ils fassent. D’outils qui leur permettent de prendre ce dont ils ont besoin et rester à la périphérie, sans se sentir submergés.» De ce point de vue, la curation n’apporte aucune valeur ajoutée si la «capacité d’abstraction» de l’infant numericus n’est pas sollicitée comme la question de «l’internet transactif» (évoquée dans un précédent article) le problématise.

Les TIC pour plus de sociabilité
L’enjeu est de dépasser la polarisation habituelle technophile-technophobe pour comprendre «comment les nouvelles formes communicationnelles changent la forme de la relation sociale», en quoi elles remplacent les formes d’échanges dites «authentiques».
Antonio Casilli nuance le discours déterministe sur la question de l’homophilie en soulignant que l’internet permet de créer des «zones de meilleure maîtrise du positionnement de l’amitié comme processus social, par sexe, même milieu géographique, social, etc.». Á l’appui de son propos, il se réfère à une étude récente réalisée avec Paola Tubaro «auprès de jeunes blogueurs démocrates organisant une cookie-party à Pasadena qui montrait de prime abord une très forte homophilie entre participants : ils avaient le même âge, venaient du même milieu social, avaient le même intérêt politique... Pourtant, leurs blogs leur permettaient de s'ouvrir sur un espace public bien plus large. Leurs pratiques leur permettaient de toucher des couches de populations qu'ils n'auraient pas réussi à rencontrer dans une société très compartimentée comme l'est celle de la Californie du Sud».



Les nouvelles technologies ont propulsé «Petite Poucette» dans le virtuel
«Le virtuel est vieux comme le monde» pour Michel Serres et les nouvelles technologies n’ont fait qu’accélérer le virtuel. «La vraie nouveauté, c’est l’accès universel aux personnes avec Facebook, aux lieux avec le GPS et Google Earth, aux savoirs avec Wikipédia. Rendez-vous compte que la planète, l’humanité, la culture sont à la portée de chacun, quel progrès immense ! Nous habitons un nouvel espace… La Nouvelle-Zélande est ici, dans mon iPhone ! J’en suis encore tout ébloui ! »

Le philosophe cède à la fascination de l’objet technologique pour embrasser la thèse de l’évolutionnisme anthropologique : l’infant numericus, «Petite Poucette» est une mutante sous l’effet des nouvelles technologies qui activent d’autres régions du cerveau que les livres.
Son cerveau a donc changé et les «vieux grognons» appartenant à des «institutions désuètes» peuvent se retirer dans leur caverne livresque.


Gare au faux dilemme
Mais pourquoi faut-il résumer l’utilisation des médias sociaux à un faux dilemme ? Si un éducateur utilise les outils des médias sociaux de façon efficace, cela ne signifie pas qu’il doive aussi éviter les relations personnelles ou des expériences du monde réel. Les médias sociaux sont un outil à utiliser à de nombreux niveaux, alors pourquoi le mythe du «tout ou rien» mythe persiste-t-il ? Est-ce parce que les mots eux-mêmes (social et les médias) sont connotés négativement par des images qui évoquent des aliénés («les geeks») et le consumérisme superficiel ?

Les questions sont peut-être mal posées. Au lieu de se concentrer sur l'utilisation de l'outil, peut-être le changement attendu de la part des enseignants est de développer activement et faire grandir leur propre réseau de professionnels co-apprenants partout dans le monde. Cela est plus difficile que d’argumenter avec «Vous devez utiliser les médias sociaux» mais ces outils offrent le moyen le plus efficient et efficace de réaliser l’objectif d’être connecté.
Il n’y a pas de déterminisme technologique mystique pour faciliter les apprentissages et la transmission des connaissances. La véritable innovation doit se réaliser dans l’usage créatif que feront les éducateurs des médias sociaux et le partage de leurs expériences.
Sans être un grincheux technologique, on peut mettre en avant le risque de surcharge informationnelle et par conséquent de rendement décroissant à l’usage par exemple de Twitter quant à savoir combien d’information on peut digérer à tout moment. Tout éducateur se doit d’être potentiellement apprenant de son métier mais ne pas recourir aux médias sociaux pour partager ses pensées ne rend pas moins sérieux. Les médias sociaux ne conduisent pas nécessairement à une meilleure cohésion organisationnelle. Il ne s’agit pas de ne pas être global mais si nous n’arrivons pas à collaborer avec notre voisin, la probabilité est mince que l’école devienne un meilleur endroit.

D’ailleurs, on observe que désormais, dans les séminaires scientifiques, on s'échange non seulement des propos "officiels", mais également d'autres via l'internet (ce qu'on appelle le backchanneling) permettant de recréer des formes d'authenticité communicationnelle, capable de creuser des tunnels sous notre réalité. On s'échange des mails, des textos, des messages instantanés ou des twitts, qui ont une force de frappe émotionnelle, en temps réel, qui peuvent être plus importantes que les formes plus policées de communication réelle.

Á considérer les médias sociaux comme un outil d'apprentissage et d'enseignement, on peut dire qu’il y a différents types d'apprentissage et différents niveaux de contenu intellectuel. Alors que Twitter peut être utile pour le partage d’informations rapide et la conversation, on ne peut pas vraiment l'utiliser pour faire de la littérature sophistiquée ou y déposer des archives. En outre, certains apprentissages ne seront jamais sociaux comme par exemple, un processus d’assimilation de théories. Il doit donc y avoir équilibre entre les différentes formes d'apprentissage et de différents types de contenu.

Mais le problème est que la génération de «Petite Poucette» n’a pas la patience de lire de longs textes et lorsqu’elle s’y essaie, il lui manque les techniques de lecture et la prise de notes pour y réagir. L’accès universel à la culture qui est un enjeu numérique est également devenu la source même des écarts dans le savoir.

Jadis on apprenait aux «dinosaures» (Michel Serres désigne ainsi les anciens) que la «patience est mère des vertus», quelles seront les qualités de «Petite Poucette» en dehors de l’envoi de SMS par ses deux pouces ?

Peut-être faire preuve de persévérance pour gagner en humanité...

 
Anne-Marie Champoussin

Références :

«PETITE POUCETTE», par M. Michel Serres, de l’Académie française, Séance solennelle «Les nouveaux défis de l’éducation» Mardi 1er mars 2011.

«Danah Boyd : Ce qu’implique de vivre dans un monde de flux», par Hubert Guillaud, 06/01/2010, InternetActu.net - http://www.internetactu.net.

Antonio Casilli : «Le web reconfigure notre manière de faire société», 26 août 2011, http://internetactu.blog.lemonde.fr/2011/08/26/antonio-casilli-le-web-reconfigure-notre-maniere-de-faire-societe/.

«Petite Poucette, la génération mutante», par Pascale Nivelle, Le 3 septembre à 0h00, http://www.liberation.fr/culture/01012357658-petite-poucette-la-generation-mutante.

«What are educators' professional obligations to learn from social media channels?»,
Scott McLeod on June 21, 2011, 9:57 AM, http://bigthink.com/ideas/38964

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